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Archives révolutionnaires

Initiatives égyptiennes de documentation des protestations

Traduction: MARIE GOMRÉE / Révision: NAOMIE NASSIVET (2015)

(ALEJANDRO SANTIAGO HERNÁNDEZ (2011) « Archivos revolucionarios. Surgen en Egipto diversas iniciativas para documentar las protestas ». Archivamos 81)


Le 11 février 2011, après 18 jours d’intenses protestations concentrées sur la place Tahrir du centre du Caire, Hosni Moubarak démissionnait de son poste de président. Il séjourna ensuite dans la cité balnéaire de Charm el-Cheikh dans l’attente de son procès pour, entre autres accusations, assassinat et corruption. Suite à ces évènements, la junte militaire prit la tête de l’Etat.

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Les caméras des médias internationaux n’ont pas tardé à quitter la place Tahrir, considérant que la révolution était terminée, et à reléguer l’Egypte au second plan des informations. Cependant, de nombreux évènements ont suivi ce 11 février, évènements de grand intérêt pour les documentalistes professionnels.

La réécriture de l’Histoire contemporaine a toujours été un élément très important pour établir la légitimité des gouvernants de nombreux pays, l’Egypte ne constitue pas une exception. En 1977, Hosni Moubarak,  alors Vice-Président, prit part au comité chargé de réécrire l’histoire de la révolution égyptienne de 1952 ayant mené à la prise du pouvoir par le panarabe Gamal Abdel Nasser. Le comité désirait minimiser l’importance de cette figure très populaire afin d’encenser celui de Anouar el-Sadate. Malheureusement pour Moubarak, ses efforts ne servirent pas très longtemps. L’assassinat de el-Sadat par un intégriste en 1980 l’obligea à réécrire de nouveau cet épisode de l’Histoire égyptienne afin de légitimer son accès au pouvoir.

Pasarelas_Archivamos81_SantiagoHernandez2Cet évènement permet de comprendre la méfiance actuelle de la population quant au comité gouvernemental chargé d’archiver les divers documents de la révolution. Selon le comité, la révolution aurait duré 18 jours, du 25 janvier au 11 février 2011. Il ignore à la fois les longs mois de grève des travailleurs/ses et étudiant(e)s bien avant et les protestations bien après ces dates. La place Tahrir n’a jamais cessé d’être l’épicentre du conflit. Depuis la démission forcée de Hosni Moubarak et leur arrivée au pouvoir, les militaires s’efforcèrent de maintenir le statu quo. La répression, les grèves et les manifestations ne cessèrent pas sur la place.

Conscients de cette restriction de la documentation, des dizaines de volontaires s’appliquèrent à collecter la documentation des protestations postérieures à la date fixée par le comité.

Leur travail n’est pas à prendre à la légère et dénote la pertinence des réclamations au droit citoyen à écrire sa propre Histoire. Deux exemples pour illustrer l’importance de ce travail : rappelons le « saccage » (ainsi désigné par la presse étrangère) du siège des services de sécurité, avant la chute du président, et la publication sur Internet (www.25leaks.com) des documents découverts. Ils ne furent pas détruits, sinon offerts à la consultation. Le second exemple concerne le gouvernement de la junte militaire, qui se vit imposer la création et l’approbation d’une loi de transparence.  Malgré cette obligation, et bien que le texte ait été rédigé dans sa majorité, il semblerait difficile de la voir aboutir et encore moins qu’elle soit débattue.

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Parmi les initiatives de documentation, deux se démarquent par les organismes à leur origine. D’un côté, la Mémoire de l’égyptien moderne, fondée en 2008 par le Centre des Etudes et des Programmes Spécialisés (CSSP) de la bibliothèque d’Alexandrie, qui prétend collecter toutes les informations concernant les assassinats commis lors des protestations. De l’autre, Tahrir Documents, une initiative bénévole à l’origine du scannage et de la publication en ligne de tous les documents produits à Tahrir.

L’importance qu’accordent les citoyens ayant pris part aux protestations à la création de sources d’informations indépendantes est extrêmement stimulante. Leurs initiatives serviront sans le moindre doute d’exemple de la nécessité de la documentation pour la société civile, dans quelque pays que ce soit.

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