Sistema de blogs Diarium
Universidad de Salamanca
José Antonio Cordón García
Facultad de Traducción y Documentación. GIR E-Lectra. grupo de investigación sobre Lectura, Edición Digital, Transferencia y Evaluación de la Información Científica.
 
Universidad 3

L’écriture inconnue des kouchans finalement déchiffrée ?

L’Empire kouchan (Ie-IIIe siècles de notre ère), a son apogée, s’est étendu du cœur de l’Asie centrale au nord de l’Inde. Parmi les traces qu’il laissa de son passage sur la terre, des inscriptions qui ont longtemps intrigué les linguistes : plusieurs dizaines ont été découvertes à partir des années 50, restant mystérieuse au fil des décennies, jusqu’à aujourd’hui : une équipe de chercheurs du Département de linguistique de l’Université de Cologne affirme avoir partiellement déchiffré l’énigmatique écriture…

26/07/2023 à 18:20 Hocine Bouhadjera

ActuaLitté

Partiellement seulement, car il s’agirait d’environ 60 % des 25 à 30 caractères kouchans qui ont été décodés par les chercheurs pour le moment. Cette équipe, composée de Svenja Bonmann, Jakob Halfmann et Natalie Korobzow, a publié ses résultats dans la revue Transactions of the Philological Society, dans un article intitulé, A Partial Decipherment of the Unknown Kushan Script.

Une annonce avait déjà été faite lors d’une conférence en ligne organisée par l’Académie des sciences de la République du Tadjikistan.

« Notre déchiffrement de cette écriture peut aider à améliorer notre compréhension de la langue et de l’histoire culturelle de l’Asie centrale et de l’empire Kushan, à l’instar du déchiffrement des hiéroglyphes égyptiens ou des glyphes mayas pour notre compréhension de l’Égypte ancienne ou de la civilisation maya », a expliqué Svenja Bonmann auprès de l’AP.

/uploads/images/une-ancienne-ecriture-enigmatique-enfin-presque-totalement-dechiffree-apres-soixante-dix-ans-de-recherche-64c1473216d04836330300.jpg

La Pierre de Rosette kouchane

Le décryptage de certains de ces signes a été possible grâce à une découverte de 2022 : une inscription bilingue a été trouvée dans les gorges d’Almosi, dans le nord-ouest du Tadjikistan. Elle comporte à la fois l’écriture kouchane inconnue et la langue bactriane connue, de l’ancienne région d’Asie centrale située entre les montagnes de l’Hindou Kouch et le fleuve Amou-Daria.

Pour que Champollion parvienne à déchiffrer les hiéroglyphes, il aura fallu l’apport décisif de la Pierre de Rosette, découverte en 1799 par les Français. Le décret royal du IIe siècle av. J.-C., écrit en trois écritures différentes, et déterré des sables non loin d’Alexandrie, offre des traductions directes de la langue hiéroglyphique en démotique et en grec.

Pour l’écriture kouchane, les chercheurs ont minutieusement analysé l’inscription bilingue, avec le soutien de l’archéologue tadjik Bobomullo Bobomulloev qui la découvrit. Le nom royal Vema Takhtu, et son titre, Roi des rois, qui aurait régné de 80 à 90 de notre ère, ont constitué des indices cruciaux, permettant aux savants d’identifier les valeurs phonétiques des caractères individuels.

Une autre inscription trilingue trouvée à Dašt-i Nāwur en Afghanistan dans les années 1960, avec des passages en gandhari, en bactrien et en kouchan, ont également servi à ce déchiffrement.

Une langue iranienne

Derrière cette écriture se cacherait une langue iranienne dite « moyenne », jusque-là inconnue, distincte à la fois du bactrien et du khotanais, parlée dans l’ouest de la Chine. Cette langue aurait occupé une position médiane dans le développement linguistique entre les deux idiomes mentionnés.

Reprenant l’appellation de « tokharien » utilisé par les auteurs gréco-romains pour évoquer les premiers nomades de la steppe eurasienne, dont la dynastie impériale kouchane est issue, le groupe de recherche suggère de nommer « provisoirement » cette langue, « Eteo-tokharien », eteo signifiant « original ». Elle aurait été l’idiome officiel de l’empire à côté du bactrien, du gandhari et du sanskrit.

Les chercheurs prévoient à présent des voyages de recherche en Asie centrale, en coopération avec des archéologues tadjiks : de nouveaux sites ont été découverts depuis…

Les Bouddhas de Bâmiyân

À l’apogée de son extension, l’Empire kouchan, fondé par Kujula Kadphises, traversait les actuels Ouzbékistan, Afghanistan ou encore Pakistan, jusqu’à la plaine du Gange en Inde du Nord. Outre d’avoir contrôlé un important territoire, les Kushans ont également joué un rôle prépondérant dans la diffusion du bouddhisme en Asie de l’Est, notamment en Chine par l’entremise de la Route de la soie. C’est le souverain Kanishka le Grand qui convoqua par exemple le quatrième concile bouddhiste.

Empire kouchan. Wikimedia Commons.

Empire kouchan. Wikimedia Commons.

C’est aussi sous son règne que l’art dit de Gandhara a fleuri, mélangeant des influences gréco-romaines avec des éléments indiens et perses, pour créer une forme unique de représentation artistique, surtout visible dans les sculptures bouddhistes.

Les Bouddhas de Bâmiyân, deux statues monumentales de Bouddha taillées dans la paroi d’une falaise dans la vallée de Bâmiyân en Afghanistan au début du VIe siècle, constituaient un vestige de cette grandeur kouchane. En mars 2001, elles ont été détruites par les talibans, considérant les statues comme des idoles païennes.

À LIRE:Il sera bientôt possible de textoter en hiéroglyphes mayas

Dans l’Empire kouchan en revanche, outre le bouddhisme, le zoroastrisme, l’hindouisme, et divers cultes locaux ont pu prospérer. Un territoire de syncrétisme religieux et culturel, ce que révèle notamment la diversité des divinités représentées sur les pièces de monnaie de cette période.

https://actualitte.com/article/112806/livres-anciens/l-ecriture-inconnue-des-kouchans-finalement-dechiffree

jcordon

Suscribirse

Suscríbete a nuestro boletín por email para recibir actualizaciones.q

Se han bloqueado los comentarios.
Política de privacidad
Studii Salmantini. Campus de excelencia internacional