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CFP: Colloque “Des revues et des femmes. Le rôle des femmes dans les revues littéraires, de la Belle Époque à la fin des années cinquante”, Paris, 28-29 mai 2019.

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Des revues et des femmes: le rôle des femmes dans les revues littéraires,de la Belle Époque à la fin des années cinquante

Organisé par Amélie Auzoux, Camille Koskas et Elisabeth Russo

dans le cadre de Sorbonne Université

les 28 et 29 mai 2019 à la Maison de la Recherche, 28 rue Serpente, à Paris.

 

De la vitrine que constituent les sommaires aux coulisses de leur conception, les revues sont le lieu où s’exercent les rapports de forces les plus imperceptibles, que seule une approche approfondie, attentive à la part souterraine de leurs activités (notamment grâce aux journaux et aux correspondances) peut espérer appréhender. Parmi ces acteurs oubliés, les femmes constituent une catégorie particulièrement peu visible, alors qu’elles ont été amenées à accomplir les activités les plus diverses : directrices de revues, critiques, traductrices, auteures et mécènes. Ce sont donc ces différents rôles joués par les femmes dans la vie littéraire du XXe siècle, mais aussi et surtout la porosité de leurs activités, que les revues permettent d’interroger. On note en effet avec Michèle Touret, que, de manière contiguë au champ de la création, les femmes s’illustrent comme agents de diffusion de la littérature et souffrent du même phénomène de cécité qui voit leurs activités bien souvent minorées, voire oubliées des mémoires. Par l’intermédiaire des revues, il s’agit ainsi de sonder la « vie littéraire » dans tous ses aspects et non plus seulement dans l’ordre de l’écriture, afin de mesurer comment les femmes s’affirment en littérature, battent en brèche ou reconduisent un rapport de genre qui leur est a priori défavorable. Ainsi que Christine Planté l’a souligné, les revues, et de manière plus générale, la presse, bien plus qu’un simple espace de diffusion, constituent en effet un des foyers qui a le mieux façonné l’émergence de la pratique littéraire des femmes au cours du siècle.

Aussi retrouve-t-on des noms féminins au sein des plus célèbres titres du XXe siècle. Pour autant, du Mercure de France aux Temps Modernes en passant par La NRFLa Revue européenneLe Navire d’argentLes Cahiers du SudCommerceLes Lettres françaises, Combat, sans négliger L’ArcheEspritMessages – conçue comme l’anti-NRF de Drieu –, Confluences ou encore La Table Ronde, fondée pour contrer les Temps modernes, quelles tâches les femmes assurent-elles dans ces revues et comment mesurer l’influence du genre sur les fonctions qu’elles y occupent ? Le rôle des femmes dans cet espace qui, dès la vitrine du sommaire, mobilise les questions de visibilité et d’invisibilité nécessite aujourd’hui de nouveaux éclairages. Si Rachilde, la Princesse de Bassiano ou Adrienne Monnier sont des figures relativement bien connues, combien de Georgette Camille (collaboratrice  aux Cahiers du Sud et à La Revue européenne), d’Édith Thomas (résistante active et plume régulière aux Lettres françaises), de Germaine Paulhan (secrétaire de rédaction de La NRF de manière informelle), de Mathilde Pomès, Christiane Fournier, Yvonne Marthe-Lenoir (collaboratrices très actives de La Revue européenne), Claude-Edmonde Magny (critique littéraire à Esprit), sont aujourd’hui délaissées par les mémoires, alors que nombre de documents permettraient d’éclairer le rôle qu’elles ont joué au sein des réseaux revuistes ? Quelle fut la fonction de Renée Saurel, secrétaire des Temps modernes ou critique de théâtre ? Comment appréhender les contributions des diverses collaboratrices de L’Arche, de Rachel Bespaloff à Monique Saint-Hélier ? Non pas qu’il s’agisse dans cette réflexion d’exhumer un catalogue de spectres, certains se révélant peut-être fades. La question de la valeur est, de ce fait, impérative : c’est justement l’approche de Bruno Curatolo, François Ouellet et Paul Renard dans le cadre de « la revie littéraire », soucieux de critères précis quant à la qualité des œuvres. Il n’est pas non plus question d’étudier d’obscurs feuillets pour la beauté du geste. Les revues doivent au contraire permettre d’approcher le rôle des femmes dans la littérature de manière réticulaire, à l’intérieur de la notion de « vie littéraire », en tenant compte de ce fait de la porosité des diverses activités menées en leur sein.

Comme on peut le constater, le genre s’invite avec une grande acuité dans cette réflexion. La reconnaissance sociale des femmes est suffisamment médiocre dans la période considérée – de la Belle Époque à la fin des années cinquante – pour que l’étude se justifie davantage à leur endroit qu’à celui de leurs homologues masculins oubliés, même si certains parmi ces derniers ont pu subir aussi d’injustes amnésies. Dans un tel contexte, si la revue apparaît comme un lieu particulièrement éclairant sur les rapports entre hommes et femmes, c’est parce qu’elle est une organisation qui configure des pouvoirs et légitime des identités. Elle donne aussi à voir comment des femmes ayant “intériorisé les contraintes de la domination masculine” ont contribué à leur propre effacement. La “surreprésentation des femmes” qu’a bien analysée Blaise Wilfert dans l’importation de textes étrangers jusque dans les années 1930 pose ainsi la question du genre minoré de la traduction. Une Ludmila Savitzky ou une Marya Kasterska jouent-elles selon les règles de l’art masculin et français de la littérature quand elles privilégient la traduction et la critique par rapport à leur œuvre personnelle ? À cela s’ajoute la représentation des auteures au sein des revues. Nul doute qu’il faille questionner la place qu’elles occupent dans la partie anthologique, mais aussi la manière dont leurs œuvres sont chroniquées sous la plume des critiques : quelle dénomination les concernant ? Les évoque-t-on comme femmes « écrivains » ? Bénéficient-elles de l’attention de figures de critiques spécifiques ? L’écriture « féminine », si elle est mentionnée, est-elle associée à certaines catégories particulières, qu’elles soient esthétiques ou axiologiques ? Que l’on songe à Benda, mettant en garde dans Belphégor, le monde des lettres contre l’influence délétère des femmes gouvernées par l’émotion et la sensualité, face à l’intelligence et la rationalité, deux prérogatives nécessairement masculines. Ou encore à Jean Larnac, soulignant dans son Histoire de la littérature féminine en France, que le génie féminin se prête volontiers au roman, un genre sans règle selon ses dires, et non point au théâtre. Enfin, les femmes des revues sont peut-être amenées à jouer de leur influence en faveur de leurs homologues auteures. Pour Maaike Koffeman, les femmes dans La NRF de la Belle époque ont droit à la portion congrue : fort peu de textes écrits par des femmes sont publiés (à l’exception des poèmes d’Anna de Noailles), et quand c’est le cas, celles-là se masquent bien souvent sous un pseudonyme masculin. L’entrée de Dominique Aury dans La NNRFmarque-t-elle une inflexion dans le traitement réservé aux femmes écrivains ? Quant aux Temps modernes, la présence de Simone de Beauvoir offre-t-elle une tribune spécifique à la création féminine ? Évidemment, toutes ces réflexions méritent d’être menées en diachronie.

Il est sans doute encore des Atlantides à redécouvrir, précisément au nom de l’histoire de la littérature. En supposant que les revues puissent apparaître comme des miroirs de la vie littéraire, leur étude doit permettre d’évaluer comment les femmes sont parvenues à se faire reconnaître – ou non – dans un domaine qui ne leur était a priori pas réservé. Ce faisant, on s’affranchit également de la simple échelle chronologique pour raisonner en termes d’affinités, voire peut-être de mouvements. Observer les jeux d’influences au sein des publications peut donc aider à faire émerger une cartographie de noms de femmes, propre, dans le meilleur des cas, à nourrir la critique littéraire.

Les propositions sont à envoyer à l’adresse mail colloque.revues.et.femmes@gmail.com avant le 10 décembre 2018.

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